jeudi 17 janvier 2008

C'est une douce journée d'hiver...

Je n'ai toujours pas de nouvelles de mon éditeur. Cela devient une obsession. Mais, finalement, qu'est-ce que cela peut me faire?... Hier, j'ai passé la journée à lire des articles d'Histoire de l'art. Cela m'a fait beaucoup de plaisir, tout d'abord un article sur Lucas Cranach. Très bien écrit. L'oeuvre de l'artiste était placée dans son contexte historique. Il reçut des influences de Dürer et puis, il s'installa à la cour des Grands Electeurs de Saxe, à Wittenberg, où se déroula le reste de sa vie. Il y peignit la famille princière, les nobles et les gentils bourgeois. Puis, vint la Réforme, mais il conserva sa clientèle catholique et, surtout, son style. Ce style est un des symboles de la Renaissance allemande. En quoi consiste-t-il?... Tout d'abord, à placer dans une surface en deux dimensions l'illusion d'un espace tridimensionnel, ou dit d'une autre façon, à créer l'illusion de la perspective. Pour cela, il utilise des lignes de délimitation pour placer les figures ou des fonds de paysage ou des décors d'architecture vus d'en haut, comme si le regard plongeât dans l'espace. Puis, il s'efforce de dessiner le profil des visages de trois quarts et de montrer les personnages dans des postures différentes pour créer l'illusion du mouvement. De même pour les draperies et les gestes des mains. Finalement, il essaye de fixer avec un certain réalisme les traits des personnages portraiturés, même si, avec le temps, il aura tendance à adoucir et styliser dans des lignes sinueuses (selon la tradition gothique), les visages et les corps féminins. Dans cet espace maîtrisé, il dresse un inventaire complet des choses qui entourent les personnages dont il fait le portrait. 
C'est cet attachement au réel, lié au souci de créer un espace illusoire en trois dimensions, qui font de Cranach un artiste de la Renaissance. Les habits, les étoffes, les bijoux, les coiffures témoignent de cet apprivoisement du monde, comme une divinité qui se laisse surprendre et qui reste attaché au voyeur. Comme dans ses portraits dessinés sur le vif, où Cranach donne toute la mesure de son talent, maîtrisant d'un trait sûr et vif son modèle, captif à son insu pour l'éternité. C'est cela, le grand art.

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