vendredi 8 février 2008

L'Action Painting à la Fondation Beyeler (1)

Bâle est une ville allemande, suisse et européenne. On se demande ce que je veux dire par là. Et bien, tout et rien. Je flâne comme les artistes du XIXe siècle. Je flâne avec les images et les idées. Les images : un fleuve que l’on décrirait tranquille si ce n’était pas ses dangereux courants, une cathédrale imposante, des églises, des façades peintes dans la tradition du XVIe siècle, des places qui s’imbriquent, des maisons avec des cours, un musée abritant des trésors endormis. Les idées : une ville imprégnée de culture allemande qui a rejoint la confédération suisse en 1501, d’une importance cruciale dans la divulgation de l’Humanisme en Europe avec l’invention de l’imprimerie. De par ce fait, une ville éminemment européenne, donc. Mais avant cette période cruciale pour la divulgation et le débat des idées qui ont bâti notre identité culturelle, Bâle appartenait déjà à cette famille européenne dans sa qualité de tampon des contrées germaniques, l’ancienne ville romaine faisant partie du « limes », frontière, romaine. C’est donc un sédiment de cultures que la ville nous offre, une ville qui a un charme suranné, et que nous avons du mal à apprivoiser. De l’Allemagne, elle possède son sens d’organisation, sa faculté à se présenter efficace et rationnelle dans ses choix, qui vont naturellement d’un centre ville destiné aux piétons à son réseau de tramways, des derniers défis d’un savoir vivre écologique aux mutations de l’économie urbaine. De la Suisse, elle possède tout naturellement aussi le sens de l’ordre et de l’austérité apparente qui la gouverne, sans penser aux mondanités frivoles. De l’Europe enfin, elle possède la culture, une culture pas voyante, mais calme et ordonnée.
C’est dans ce contexte culturel que la ville possède un petit bijou, la Fondation Beyeler, à Riehen. Un bijou d’architecture, d’abord, dont l’auteur est Renzo Piano. Quand on est habitué aux formes généreuses et imaginatives de cet architecte, on est étonné par la rigueur de son bâtiment, son intimité aussi, dans une parcelle de terrain un peu ingrate qui l’a obligé à concentrer la lumière de l’édifice vers deux façades qui se prolongent d’un côté et de l’autre vers le jardin, tout en essayant d’oublier les deux autres parois, une d’elles aveugle, du musée, lequel cependant s’offre à nous comme un petit temple au milieu de la nature. Les murs, minimalistes, en travertin, la grande baie vitrée sur le petit jardin dialoguant avec les nymphéas de Renoir, ainsi que, de l’autre côté, la pente tout en douceur qui s’envisage depuis les salles des expositions temporaires, offrent une harmonie qui témoigne, à en douter, du génie de l’architecte.
Dans cette sorte de paradis de quiétude fut récemment inaugurée une importante et rare exposition consacrée à l’Action Painting . Je vous l’ai dit, les eaux du Rhin ne sont tranquilles qu’en surface. (A suivre)

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